Interpellation d’Henry Bauchau pour Œdipe sur la route, spectacle d’Hadrien 2000 suivi d’une interpellation du public : donner à lire // donner à voir // donner à entendre.

Vendredi 28 février – 20h30/22h30, accueil à partir de 20h

Ce sont des lecteurs confrontés à cet ouvrage titanesque, peut-être le grand œuvre de l’écrivain, qui osent l’interpellation de l’auteur, conscients de ne pas accéder en première lecture aux profondeurs d’un texte issu d’un puissant combat de l’homme avec l’ange et désireux d’en ouvrir l’accès, à eux-mêmes d’abord puis à ceux à qui ils se proposent de faire entendre une voix qui cria longtemps dans le désert.

Si Œdipe est bien une figure qui porte en elle la forme entière de l’humaine condition, alors c’est chacun de nous qui est invité à partir sur la route, sans savoir où il va, quel chemin il empruntera, quelles épreuves il affrontera, compagnon des voyageurs en errance qui ont pris le risque des chemins écartés.

Le travail de lecture se donne ici à écouter en miroir du travail d’écriture, dans la peine de l’effort et l’incertitude du résultat et aussi l’acceptation heureuse des moments d’adéquation ressentie à des mots chargés de l’énergie d’un vouloir-vivre qui se garde d’oublier la tentation dépressive de la dissolution de soi. Des maître-mots qui disent : « Commence » et « Continue ».

Cette lecture-spectacle à la forme inhabituelle pose clairement l’affirmation que Lire c’est nécessairement Relire quand l’Ecriture a posé l’exigence d’une mise en jeu de l’advenir d’un sens hautement référent pour qui en est en quête. De même que dans l’estampe d’Hokusai illustrant la couverture de l’édition Babel d’Actes Sud la barque fait face encore et encore à la vague qui peut l’engloutir et qu’Œdipe, Antigone et Clios sculptent encore et encore cette vague dans la falaise à l’extrême de leurs forces, de même le lecteur embarqué dans une première lecture qui l’alerte ou le fascine, consent à ce retour au texte et entreprend de l’interpeller encore et encore. « Commence » et « Continue ».

Le second temps d’interpellation d’Henry Bauchau pour Alcyon, un conte dans le conte, en jouant des registres du « raconter » et du « lire » interroge et l’auteur et le public sur la réception du plaisir d’« écouter ». Car la boucle de ce travail partagé sur « l’acte de lire » quand il emprunte la voie de l’oralité ne peut se refermer qu’avec l’intervention de ceux auxquels il s’adresse.

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