Vendredi 26 juillet : Les deux Beune
19H – Chemin du Couradou qui longe le site de La Villasse
Au Jardin Lomer ou Jardin Burrhus, à la mi-chemin notre affiche et une porte ouverte
Récit, par l’un de nos plus grands écrivains, de la passion amoureuse d’un instituteur de vingt ans, inscrite dans les années soixante sur un territoire périgourdin façonné par ses grottes préhistoriques et ses eaux poissonneuses.
Se préparer à écouter lire le livre et son auteur
Se préparer que l’on connaisse ou non Pierre Michon, un écrivain rare à la courte
bibliographie, qu’on ait lu ou non ce livre, un roman, dont il se dit qu’il est son
préféré et qu’il exige d’être lu avec la plus grande attention, signifie d’abord être
conscient que le passage de la lecture silencieuse à la lecture à haute voix portée par
cinq voix en charge du récit requiert également une attention soutenue.
Se présentant comme un diptyque en deux parties dont la première publiée en 1996
sous le titre de La Grande Beune s’est accompagnée en 2023 – dix-sept ans plus tard –
d’une suite nommée La petite Beune dont la trame se déroule quelques mois après la
fin du premier récit, ce roman fascinant séduit autant qu’il déconcerte par son
étrangeté en nous plongeant dans l’univers archaïque d’une France rurale enclavée
des années soixante, celle d’une Dordogne abritant dans ses grottes les traces d’un
passé bien plus lointain.
C’est dans ce paysage et cet environnement naturel, animal, humain, se prêtant à
merveille à la mythologisation, que se déploie une passion amoureuse,
obsessionnelle, furieuse, d’un instituteur de vingt ans pour une femme dont la
splendeur érotique le fait accéder aux mystères de l’origine du monde – expression
que l’auteur avait initialement choisie comme titre – celui de la différence des sexes -,
dont semblent porter témoignage les entailles gravées au paléolithique.
Ce récit, tel un cours d’eau continu, s’écrit dans une langue métaphorique d’une
richesse inouïe, précieuse, violente et ciselée, qui ne se laissera pas oublier lecture
faite, entendue, écoutée, et suscitera probablement le désir de retourner au texte,
pour peu que l’on consente précisément à se laisser piéger par son ensorcellement et
en dépit même des ruades anti-patriarcales qu’il pourrait susciter.
On pourrait enfin s’étonner que cette écriture jaillie du plus intime du masculin soit
confiée exclusivement à des voix féminines pour restituer au mieux possible – et ce
ne sera jamais assez à la hauteur de l’écriture et des intentions de Pierre Michon – la
puissance poétique de ce verbe créateur. Le pari a été fait qu’en se tenant à bonne
distance et de soi et de l’écrivain l’aventure pouvait être tentée.
Dimanche 28 juillet : Sappho
19H – Chemin du Couradou qui longe le site de La Villasse
Au Jardin Lomer ou Jardin Burrhus, à la mi-chemin notre affiche et une porte ouverte
Sappho qui a vécu à la jonction des VII et VIème siècles avant JC à Mitylène sur l’île de Lesbos est l’auteur d’une œuvre poétique célèbre en son temps dont nous ne connaissons que des fragments. Des « Anciens et Nouveaux poèmes » seront accompagnés comme il se doit par la lyre et la danse.
S’approcher de Sappho avant le dimanche 28 juillet
… Et je ne reverrais jamais ma douce Attys.
Mourir est moins cruel que ce sort odieux ;
Et je la vis pleurer au moment des adieux.
Elle disait : « Je pars. Partir est chose dure. »
Mais souviens-toi toujours combien je t’ai aimée.
Nous tenant par la main, dans la nuit parfumée,
Nous allions à la source ou rodions par les landes.
J’ai tressé pour ton cou d’entêtantes guirlandes ;
La verveine, la rose et la fraîche hyacinthe
Nouaient sur ton beau sein leur odorante étreinte ;
Les baumes précieux oignaient ton corps charmant
Et jeune. Près de moi reposant tendrement,
Tu recevais des mains des expertes servantes
Les mille objets que l’art et la mollesse inventent
Pour parer la beauté des filles d’Ionie …
O plaisir disparu ! Joie à jamais finie !
L’éperdu rossignol charmait les bois épais,
Et la vie était douce et notre cœur en paix…
Fragment d’un poème de Sappho traduit par Marguerite Yourcenar
Extrait de La Couronne et la Lyre
Anthologie de la poésie grecque ancienne
Poésie /Gallimard
Philippe Brunet poursuit son parcours poétique et scénique à l’écoute des Grecs. Après la récitation intégrale de L’Odyssée dans sa traduction (éditée au Seuil en 2022), et après un enregistrement avec lyre fait avec Alain Michon (et dont on attend la diffusion), il retourne aux poètes lyriques Sappho, Pindare, avec une attention particulière portée au chant et à la danse.
Il a ainsi créé la première Olympique de Pindare en 2024, avec musique et chorégraphie, dans une version bilingue qui va être présentée à Olympie et dans différents théâtres de Grèce.
Il revient à l’édition de Sappho, son premier travail de traduction publié en 1991, et explore les nouveaux fragments de la poétesse (2004, 2014), avec sa lyre, dans une expression musicale qu’il ouvre à la danse. Pour la scène, il prépare des formes théâtrales autour des mythes de Médée et d’Attis.
L’écriture poétique qu’il a mise en place avec son poème Retour à Fukushima va être relayée et défendue par les éditions de L’Escampette en janvier 2005.
4 août : Colline
19H – Théâtre du Nymphée, Vaison-la-Romaine
Un hameau perdu dans les collines voit s’enchaîner une série de catastrophes provoquant une peur croissante de cette nature familière semblant se rebeller contre les humains qui l’exploitent. Ce conte fantastique ouvre notre célébration de Jean Giono en deux temps.
Le collectif Lophophore présente Colline de Jean Giono :
Synopsis
La terre, les éléments, les animaux, et même les plantes,
tous jusqu’alors soumis au bon vouloir des hommes,
semblent se venger de leur vanité.
Vivante et terrible, c’est la Colline toute entière qui se débat.
Conte écologique et savoureux
à destination des hommes d’aujourd’hui,
où la superstition tutoie le suspense.
Un hameau, loin de tout, perdu dans les collines,
est frappé par une malédiction étrange et mystérieuse.
Le chat noir est réapparu.
Prévenus, les habitants se préparent.
Et bientôt s’abat sur eux un malheur aussi inattendu que fatal :
leur fontaine ne coule plus.
Alors bien sûr ils boiront du vin, mais sans eau,
comment vont-ils faire face aux catastrophes qui les attendent ?
13 août : Orion fleur de Carotte
19H – 390 chemin de l’IOOU, quartier du Brusquet, Vaison-la-Romaine
Un titre né des pages de « Que ma joie demeure » accueille dans un hameau de fermes isolées un étranger venu de je ne sais où pour perturber l’ordinaire des humains et du monde. Ce second temps de la célébration de Jean Giono prend fin avec un texte lu au cours d’un apéritif dînatoire (nombre de places limité).
Quand un romancier prend la plume du poète…
Orion fleur de Carotte
Telle est la parole poétique qui transfigure le monde pour en révéler la beauté,
nous dit Jean Giono, unissant dans une même image la constellation céleste et
la plante fragile et résistante qui capte la lumière et ensorcelle nos doigts.
C’est un paysan enraciné à sa terre mais qui espère et attend un renouveau
vivifiant
qui se confrontera à cette parole poétique portée par un étranger
pour le plus grand bénéfice d’un monde rural en déshérence.
Ainsi le souhait que la joie demeure sera-t-il exaucé par-delà les vicissitudes de
toute existence.
Laissons-nous aller en écoutant lire Giono, au cœur d’un jardin en permaculture sis au 390 chemin de l’IOOU quartier du Brusquet à Vaison-la-Romaine, au plaisir d’une prise de risque déstabilisante mais féconde où nous apprenons à ne pas avoir peur de notre peur et à aimer notre métamorphose intime. Nous ne nous étonnerons pas alors de voir surgir au cours de l’apéritif dinatoire qui suivra la lecture un additif célébrant une de ces métamorphoses.
Lecture théâtralisée par l’association Hadrien 2000 avec le concours de l’ACAL