Dans le courrier des lecteurs du journal Le Monde daté du 8/12/2012, nous pouvons lire sous le double titre « Mariage homosexuel – Antigone et Créon » le commentaire suivant de Michel Soëtard:
« François Hollande a, dans le débat sur le mariage entre homosexuels, ménagé Antigone et sa conscience, tout en donnant raison à Créon lorsqu’il affirme l’universalité de la loi. Bien sûr que la loi ne parlera pas de conscience, mais la conscience n’en gardera pas moins son droit de réserve vis-à-vis de la loi. Les religieux, cramponnés à la loi naturelle, plus fondamentale à leurs yeux que les lois positives, devraient également s’y retrouver! Ce sera, au bout du compte, un bel exemple de coexistence entre le politique et le religieux, dans une laïcité ouverte. »
Pour mémoire, cet extrait d’Antigone de Sophocle, épisode 2 scène 2 dans la traduction de Philippe Brunet aux éditions du relief:
Créon à Antigone: Et toi, dis-moi, mais sans longueur, en un seul mot Savais-tu ce qu’interdisaient les ordres proclamés?
Antigone: Je savais. Comment ne pas savoir? Ils étaient clairs.
Créon: Ainsi, tu as eu l’audace d’outrepasser mes lois?
Antigone: Ce n’était pas Zeus, je crois, qui les avait proclamées. Ni même Justice, la compagne des dieux d’en-bas. Chez les hommes, ce ne sont pas ces lois qu’ils ont fixées. Et je ne jugeais pas assez puissantes tes proclamations pour qu’un mortel pût enjamber les lois non écrites, inébranlables, des immortels.