Habit d’hiver pour le Mas Saint Quenin

Il neige rarement sur Vaison-la-Romaine mais ce 25 janvier 2017 une fine pellicule blanche a recouvert le jardin qui, ici ou là, accueille à la belle saison nombre de spectacles et de manifestations, notamment ceux – petites ou grandes formes –  de la Semaine de Théâtre Antique dont se prépare la 18ème édition de juillet prochain.

Si la précipitation floconneuse  avait perduré, vous auriez été invités à marquer de vos empreintes le tapis neigeux de l’allée pour nous rejoindre sur la terrasse et vous réchauffant d’un breuvage reconstituant y entendre quelques élégies antiques célébrant ou plutôt se plaignant des rigueurs hivernales.

Hélas la neige  n’est tombée que ce jour-là et faute de nous être livrés à la mélancolie à l’écoute de tel ou tel passage des Tristes de Publius Ovidius  Naso relégué loin de sa Rome si chère  à Tomis – sur la terre ingrate de la Scythie mineure au bord de la Mer noire – prenons plaisir aujourd’hui en un temps d’inquiétude climatique à la lecture de ces lignes extraites d’un ouvrage du 1er siècle de l’agronome Columelle, De l’agriculture :

« J’ai trouvé que de nombreux auteurs aujourd’hui dignes de mémoire étaient persuadés qu’à la longue, par l’usure du temps, le climat et l’état du ciel changeaient et que, parmi ces auteurs, le maître d’astrologie le plus écouté, Hipparque, avait annoncé qu’il viendrait une époque où les pôles du monde se déplaceraient. Cette opinion paraît même avoir été accréditée par Saserna, estimable auteur d’une Economie ruraleEn effet, dans ce livre qu’il a laissé sur l’agriculture, il conclut que la situation du ciel s’est modifiée du fait que les contrées qui jadis ne pouvaient, à cause de la longue rigueur de l’hiver, conserver un seul des pieds de vigne ou d’olivier qu’on leur avait confiés, produisaient maintenant, grâce à l’adoucissement et à l’attiédissement des anciens froids, des récoltes d’olives et des vendanges de Bacchus en surabondance. Mais, vraie ou fausse, cette théorie est à traiter dans les ouvrages d’astrologie. » (cité par Paul Fontaine, Recueil de Textes antiques).

Quelques oliviers et pieds de vigne ont certes droit de cité au Mas Saint Quenin mais ne sont pas traités avec toute la vigilance qui conviendrait et nos Anciens nous gourmanderaient sans doute de négliger d’émonder ces gourmands qui pompent inutilement la sève nourricière. Frappons notre coulpe et confessons qu’il nous convient plutôt de méditer, sans mélancolie, sur la beauté de notre jardin embrumé un matin de février.

 

A suivre pour découvrir ce que la brume nous cache …