Sur le plateau du Théâtre du Nymphée, un danseur et chorégraphe qui incarne depuis longtemps pour le Théâtre Demodocos ce personnage fabuleux de la mythologie qu’est le satyre, cet être hybride de la mythologie pétri d’humanité et d’animalité confondues a souhaité créer pour cette vingtième Semaine de Théâtre Antique une composition inspirée par le ballet de Nijinsky et la musique de Debussy.

Ainsi Yohan Grandsire accompagné au violoncelle par Nicolas Decker s’éveillera-t-il pour tenter sur fond de poésie grecque de séduire la muse interprétée par Fantine Cave-Radet, avant de s’éclipser pour laisser venir la redoutable et enchanteresse magicienne qui sait comment renvoyer les hommes à leur animalité. Car il est toujours question dans le monde grec antique de se frotter et de se confronter aux frontières fragiles qui s’efforcent de séparer l’humain du non-humain, de l’animalité comme de la divinité.

Le Théâtre Demodocos reprend donc avec Circé en 2019 une de ses plus anciennes créations – qui fut donnée en 1999 sur le bateau de la croisière « Sur les pas d’Hadrien » – et cela, comme dans toutes les « reprises » de pièces au répertoire, dans une nouvelle mise en scène de Philippe Brunet qui joue avec ce récit de l’Odyssée dont l’imaginaire ne cesse jamais d’intriguer et de stimuler lecteurs comme spectateurs de cette mise en images et en sons.

Qui ne prendrait plaisir en effet à cette inversion des positions où d’abord Circé effrayée par l’échec de ses sortilèges se jette aux pieds d’Ulysse pour embrasser ses genoux puis ce même Ulysse embrasser les genoux de l’ensorceleuse pour la supplier de le laisser partir ?

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