La Folle Journée du Théâtre Démodocos – 1er moment

Antigone, de Sophocle

Mercredi 12 juillet à 7h, Théâtre du Nymphée

Photo Lot

Qui ne la connait ou du moins n’a jamais entendu parler de la « petite peste » nommée par Jean Anouilh ? Méritent-elles toutes ce qualificatif les multiples Antigones qui se sont succédées depuis vingt cinq siècles sur la scène littéraire, ni tout à fait semblables ni tout à fait autres que leur aînée ? Il se peut bien que cette gamine insolente et butée apparue pour la première fois sur un plateau au Vème siècle avant Jésus-Christ ait en effet apporté la peste, une peste autre que celle qui chassa son malheureux père Œdipe de son trône et de Thèbes et le contraignit à se crever les yeux.

Elle garde les yeux ouverts la petite Antigone et s’oppose à jamais à ceux qui les ferment pour survivre et n’ont d’autre choix que de la mettre à mort pour faire taire celle qui voit et qui dit que le roi est nu. En confirmant qu’elle savait l’interdiction et qu’elle a bien répandu la poussière sur le cadavre de son frère, elle dévoile la nature conventionnelle de tout pouvoir et pose la légitimité d’un ordre supérieur à celui qui régit la conservation de la société en ce qu’il fonde et garantit l’humanité de l’homme. La peste en effet depuis 25 siècles, depuis ce geste et cette parole, à jamais effaçables, à jamais inoubliables, quand bien même ils ne cessent d’être bafoués.

Aussi est-ce la première des Antigones, celle de Sophocle, en sa pureté première que le Théâtre Démodocos donnera à voir et à entendre, peu après le lever du soleil, sur le site de Puymin, alors que l’aurore aux doigts de rose vient à peine de laisser la place à la montée du jour. Une heure juste et exigeante pour retrouver la mémoire de cet affrontement continument renouvelé et à renouveler pour que ce modèle d’organisation politique et sociale qui a régi la cité grecque, prémisse de nos démocraties, ne s’abîme pas dans l’oubli ou la négligence de ce qu’il doit à l’humanité.

Cette nouvelle Antigone du Théâtre Démodocos, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre que les précédentes mises en scène par Philippe Brunet, sera donc jouée selon les codes antiques, sous les masques et avec les gestuelles animés par les seuls comédiens masculins pour nous dire où est le vrai de vivre.

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